Description écrite d’une observation du dispositif précédant une cérémonie funèbre en temps de Covid.

Dans l’enceinte devant l’Eglise, une file de personnes attendent, à une distance d’environ un mètre les unes des autres, et passent tour à tour devant un policier en uniforme qui semble vérifier que l’avancement de la file se déroule comme prévu. Je m’enfile en silence dans la queue, et j’avance lentement, en attendant mon tour, suivant le mouvement d’accordéon qui se fait à chaque personne entrant dans l’Eglise. Je me demande si les gens sont venus exprès plus tôt pour que cette file ne fasse pas un blocage. 

Je vois sortir la pasteure dans sa robe noire, son uniforme à elle. Elle se dirige un peu plus loin, vers le muret qui donne sur une vue imprenable sur le lac et les montagnes, elle semble aller souffler un instant avant le début de la cérémonie. 

Arrivée devant l’entrée, je vois ce qui fait que la file avance au compte-goutte : chaque personne doit entrer son nom et son numéro de téléphone sur une liste prévue à cet effet. Je m’y attèle et, une fois mon stylo posé, tends les mains vers la personne, postée à l’entrée, qui tient une petite bonbonne de désinfectant qu’elle pulvérise sur chaque paire de mains. Un coup de pshit et j’entre dans l’Eglise.

La salle est grande. Les chaises sont indiquées avec du scotch – je me dis qu’il faudra que je demande à la pasteure si cela a un sens précis – mais en regardant l’agencement des gens assis, il me semble qu’il n’y ait pas actuellement de distances respectées spécifiquement. Les gens sont assis sans forcément laisser de chaises entre eux. En même temps, je me rappelle que, depuis lundi, les rassemblements sont autorisés jusqu’à 100 personnes. Je m’installe sur un côté de l’Eglise, ni trop devant ni trop derrière. J’ai à ma gauche une chaise vide et à ma droite un monsieur, qui me fait un signe de la tête en s’asseyant. Il y a du monde. Beaucoup de cheveux grisonnants, un brouhaha léger.

Quand les cloches s’arrêtent, le silence se fait et l’organiste entame un morceau. La cérémonie commence.

Texte, photos et podcast de Milena Michoud