
Voici deux oeuvres nommées “cadavre exquis” conçues par trois talentueuses confinées qui ont eu la brillante idée de les rédiger!
Saucisson et habricots
Nous sommes en confinement depuis bientôt 3 ans. La communication avec le monde extérieur se fait rare. Dans quelques jours, je creuserai un trou dans les bois pour y enterrer les cadavres des hommes que j’ai tués. Dans ma chambre froide, je compte les toiles d’araignées et discute avec ses habitants. Après ces discussions plus qu’intéressantes, je décide de m’aventurer dans un bus pour la première fois depuis longtemps. Je prépare mon tapis de yoga et commence ma séance par le chien tête en bas. Mais le bruit de la presseuse me réveilla de ce doux rêve, ooh tout ceci n’était qu’un rêve ? Après m’être remise de mes émotions, je décide de continuer mon chemin. Soudain, le téléphone sonna. C’était un policier qui voulait savoir ce que je faisais mardi passé. Je lui ai répondu, que pour moi il avait tort et que si on était confiné c’était surement à cause des aliens ! Vexé, il repartit en bougonnant, sans son gel hydroalcoolique et ses gants. Je repris mon chemin accompagné de mon chien. Les rues étaient vides et sombres, le vent soufflait et jouait avec mes cheveux. Un gel hydroalcoolique dans la main, un masque sur le nez je partis en guerre, je partis faire les courses. Arrivé au magasin, je vis une file d’humains s’étendre sur plusieurs mètres devant l’entrée. Ne voulant pas attendre, je m’approchais d’une vieille dame qui attendait avec son cadi, c’était ma grand-mère. Elle s’écroula sur le sol en me voyant. Elle croyait que la maladie m’avait emporté et qu’elle ne me verrait plus jamais. Nos retrouvailles furent fortes en émotions. Nous sortîmes du supermarché heureuses, la main dans la main.
Ennui
L’activité principale de ce confinement pour nous tous est devenu l’ennui. Un ennui qui me fait redécouvrir les petits bonheurs de la vie. Cette chose qui nous donne la liberté de laisser nos pensées vagabonder alors que notre espoir de sortie rapetisse. J’ai nettoyé ma chambre trois fois aujourd’hui. Et il n’est que 9h, j’ai encore une longue journée de vide et de rien qui m’attend. Je me décide, aujourd’hui je vais sortir de mes habitudes monotones. Je vais faire des changements dans mon environnement de travail. C’est la fin des haricots… j’ai fini toute les séries Netflix et je connais toutes les fins de film. Que faire d’autre? Ranger ma chambre? Apprendre à parler au chat? Je me retrouve encore une fois à fixer le plafond et à me tourner les pouces dans le vide. On réapprend à s’émerveiller devant ce magnifique plafond blanc. Pour passer le temps, je fais aussi, des cookies, des cookies par centaines, par milliers, des cookies à m’en faire sauter l’estomac. Mon chat, lui, ne change pas ses habitudes. Il fait des allers et retours entre l’extérieur et l’intérieur. Mes amies et moi, nous nous appelons quasi tous les soirs pour tuer l’ennui. On a des fous rires parce que j’ai faim, j’ai tout le temps faim, ou peut être n’est ce que l’ennui qui me donne l’illusion d’avoir faim. On sonne à la porte. Voilà un peu de rebondissements dans cette journée! C’est absolument extraordinaire, ma soeur vient de me dire que son copain avait eu des souris partout chez lui. Il se demande comment s’en débarrasser et je pense qu’il serait bien de le perdre dans la forêt lors d’une balade à deux mètres de distance, bien sûr! Ou alors je le brûle. Je prends des baskets et décide d’aller courir dans les champs. Ils sont tellement grands que je ne vois plus personne, j’essaie de crier mais personne ne m’entends…Je me résigne à finir mon confinement seule au milieu des champs.

Ce témoignage provient d’un journal de confinement online tenu par des gymnasiens et gymnasiennes